« Partout où il y a des “pensées vivantes”, il y a aussi un “soi” »

Edouardo Khon, Comment pensent les forêts.

 

Les partitions spécifiques « LUKASA » sont des partitions dites « suspendues ». Elles sont en suspens, en attente d’une dynamique vivante des signes qui va configurer, temporairement, sans une certaine fragilité, des signes à propos et dans nos mondes.

L’interprète et les spectateurs/auditeurs (parce que ces partitions ne sont ni d’un champ, que l’on pourrait qualifier de sonore et/ou de musical, ni d’un autre qui s’apparenterait aux arts dits visuels, même si nous avons tous un jour pourtant juré allégeance aux arts « pas seulement rétiniens ») seront les relais de cette sémiose vivante. Avec cette petite cosmogonie portative, ils construiront un autre monde sensible (parmi tellement de possibles).

Toutes les traces, les empreintes et les ruines (y compris pour les oreilles) qui constituent les planches de mémoire de la série de partitions « Lukasa » sont le résultat d’une récolte de moments sensibles qui débordent. Leurs activations sont des tentatives de remise en circulation des mémoires individuelles et collectives, des efforts pour repenser nos âtres et nos aises (j’ai utilisé, parfois, le mot écopraxie pour décrire cette plasticité en acte).

C’est un moment crucial lorsqu’on s’apprête à dévoyer à des boîtes noires (IA) les points de couture qui font les pensées vivantes.

Les partitions suspendues proposent des rhapsodies où chaque corrélation entre ces éléments hétérogènes sera comme un récit fugace et fragile et le laboratoire temporaire d’une sémiose vivante sans substrat hors sol.