Lord of the flies (d'après William Golding)
Jack (6'41), L'île (5'39), La conque (Ralph) (4'27), Le monstre des airs (4'07), Simon (7'12), Pig ( Piggy) (11'48)
John Cage, se réappropriant le concept de gestus initié par Bertold Brecht, remarquait que le concert de musique est une métaphore sociale. Le « fascisme » du langage musical occidental, la mécanique et la cosmogonie qu'elle induit, trouve en effet des résonances dans ces pratiques de jeux : une hiérarchie très marquée qui travaille l’agencement du concert, du premier violon au chef d’orchestre en passant par le soliste, etc. Nous pouvons même dire que l'organisation de l'espace de diffusion et la scénographie « dramatique » qui est associé correspond à une certaine mentalisation du monde et de sa création qui trouve ses assises dans une méta-physique dépassée.
Lord of the flies est une composition en écriture gigogne où cette métaphore vient se lover sur la structure narrative du texte de William Golding, sa majesté des mouches. En effet, dans le livre comme dans le film de Peter Brook, l'oligarchie et la discipline sont symbolisées par un groupe chorale, groupe qui, en devenant le clan des chasseurs, va se transformer et apporter le plus grand désordre et la plus grande anarchie dans l'ensemble de la communauté des enfants qui cherchent à reconstruire une forme de société démocratique. Différentes étapes de déconstruction qui les conduiront au meurtre.
Lord of the flies est une adaptation sonore du roman de William Golding. Son point de départ est un fragment d'un « allelujah » de Purcell (qu'il faudrait écouter en préambule à la pièce en laissant une à deux minutes de silence ensuite), une pièce que la chorale de Jack aurait pu chanter ( Il n'y a pas de référence implicite au répertoire de la chorale). C'est ce fragment qui subit alors une lente transformation, jusqu'à la disparition totale de sa forme initiale, métaphore sensible de la chute des relations de « vivre ensemble ». Chaque transformation prend le visage (la figure) d'un personnage important de l'œuvre de référence: Jack, l'île, la conque (Ralph), le monstre des airs, Simon, Pig (Piggy). Si la première partie propose l'allelujah de Purcell comme une citation, les « moments-personnages » donnent lieux à 5 transformations de cette formule initiale. Chaque transformation est la transformation du moment suivant, son changement de direction. Les notes s'étirent, s'effacent, se déplacent...et se transforment en sons et en bruits.